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Pas de photo, merci !

Côte de granit rose

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Partir en essai auto, implique de partager l’auto. Autant bien choisir son collègue. Règle de base éviter ceux qui font des photos à tort et à travers pour illustrer leur site. Mais parfois on se laisse attraper…

Quand Volkswagen vous invite sur un essai, il a de tout temps été compliqué de dire non. Déjà parce que l’équipe média est top et parce que cette fois on nous proposait d’essayer toute la gamme en deux jours. Et comme c’était un essai dit « national », on allait donc rouler en comité restreint. Direction la Bretagne nord. Au programme l’ensemble des PHEV (hybrides rechargeables) maison. Sur le papier, les PHEV, ça ne fait pas rêver. Déjà parce que le consommateur ne veut pas (ou si peu)  d’électrique, et a bien compris que la transition écologique passerait par l’hybridation. Oui, mais pas rechargeable… Simple

Donc bof les PHEV.

  1. Parce que c’est cher.
  2. Parce que c’est lourd. 
  3. Parce que l’autonomie est limitée.
  4. Parce que ça consomme trop en mode thermique. 

On pestait tellement contre les PHEV que j’avais fini en m’occupant des pages de L’Équipe et de L’Équipe Magazine par refuser nombre d’invitations pour les tester et les chroniquer. Et comme je ne travaillais pas pour un journal de flottes d’entreprises, cible favorite des PHEV, pourquoi se forcer ?

 

Cette fois tant qu’à essayer un PHEV, autant y aller avec le plus gros de la gamme VW, le Tayron. Y aller aussi parce que Leslie, parce que Michael, parce que Audrey, parce que Philippe, parce que Nicolas…

Un team presse 5 ⭐️

Dans le TGV nous menant à Saint-Malo il fallait jauger les collègues. C’est là que les couples se font. Parce qu’on est deux par auto.

– T’as quelqu’un pour rouler ?
– Ben ouais désolé…

Ne pas se vexer. Observer le regard absent d’un collègue. Et finir avec une collègue. Made In Normandie et plutôt branchée moto. « Je roule en Honda ». Me demandez pas le modèle, c’est je crois une Gold Wing. Mais pas sûr. J’ai pas osé faire répéter. En tout cas un truc pour se faire la Californie à deux.

On se partage le volant, comme il est de tradition. Et là les kilomètres défilent… Bientôt 130 km et le moteur thermique ne s’est quasiment jamais enclenché.
Ah oui, là ça le fait, surtout que dans la phase 2, batteries vides donc, la consommation du mastodonte (4,77 m de long) plafonne sous les 7 litres. On peut donc biffer « autonomie limitée » et « ça consomme trop ».

Ca reste toutefois cher (à partir de 53 900 euros) et lourd (1,9 tonnes).

C’est déjà l’heure de dîner. Fruits de mer au menu. La tuile. Les mains se lèvent. « Qui préfère du fish and chips ?». Moi ! Moi ! Moi ! VW a décidé de faire sobre sur la conférence de presse d’avant diner, parce qu’il s’agit d’une revisite de la gamme. On demande toutefois pour le lendemain à changer de motorisation. Et donc de co-pilote. Cette fois c’est un copain de La Voix Du Nord. Lui et moi on a des jolis souvenirs communs. Comme ce matin de 2017 où on devait être sur le Circuit de Catalunya à Barcelone pour disputer la finale des Audi Experience Endurance. Je venais d’atterrir de New York la veille. Lui de nulle part. Et voilà qu’à 9h30 le téléphone sonnait dans ma chambre…

Volkswagen Tyron 2025
C'est beau, un Tyron au bord de l'eau. / Th. Chevalier, he Good Click

Monsieur ? On vous attend sur le circuit à 9 heures…

– Monsieur on vous attend. Vous aviez RV sur le circuit à 9 heures… 

La panique. Cinq minutes douche comprise et hop j’étais en bas. Jet lagué et piteux. Et là qui je vois mon copain de la VDN pas plus réveillé que moi. Le voyage Lille-Barcelone l’avait tué. Même chauve, il était hirsute.

On arrivera finalement sur le circuit pour les essais. Dégâts limités avec juste le loupé du briefing. Et le lendemain on finira sur le podium ! Deuxième de notre catégorie.

Forcément à chaque fois qu’on se croise, on se chambre et on raconte l’anecdote à nos voisins de table. Les tontons lourds. 

Le coup de cœur pour Tayron est partagé. Le prix refroidit un peu, mais ce SUV grand tourisme est réussi. Espace, vie à bord, finition, consommation, tout va bien. Reste le moteur quel que soit la puissance (204 ou 272 ch), qui pioche un peu, mais Tayron n’a pas vocation à griffer le bitume.

Pas de chance, voilà que mon collègue doit faire des photos. Ca en général c’est le mauvais plan. On fuit les gars des sites web, qui vous demandent de passer et de repasser devant eux au volant, pour mettre en boite une vidéo. 

Là ça va. Deux stops demandés seulement. Je dis pour rire :

 

Ok à condition d’être sur la photo. 

– Promis je te mets dans le journal 

 

Promesse tenue. Photo de dos tout de même.  C’est ce qui s’appelle tourner le dos à la gloire.

Deuxième stop, on se gare sur une descente pour mise à l’eau de petits bateaux. Il faut faire vite car la mer monte. On en connait qui ont noyé des autos comme ça… Non pas de noms… Et pas de marques.

 

Et là, bonne pioche une barque de pêcheur revient à l’instant. Parfait. Clic clac, merci Kodak.

VW Tyron PHEV 2025

On essaiera le lendemain la Golf PHEV après avoir passé la soirée à se faire un quizz musical pour « fêter » un départ dans le staff VW. Le naufrage. Une seule réponse après deux heures de jeu. « The Sound of Silence » Simon et Garfunkel. A minuit les jeunes continuent. Un ban d’anciens s’échappe, je prends leur sillage.

Le roulage jusqu‘à Brest confirme cette ambivalence d’une Bretagne séduisante en diable en bord de mer, mais à l’arrière pays ennuyeux. Oui je sais les Monts D’Arrée ! Sinon c’est monotone, ça manque de bosquets, de haies. Vite reprendre les routes côtières et respirer. Arrivé sur Brest le capharnaüm des villes en mutation pour chasser les autos, rend l’accès la gare erratique.

On va rater notre train. Le GPS maison est affolé. Même Waze perd le nord. Mais comme on est organisé chez VW on a posté du staff autour de l’inaccessible gare pour vous héler, sauter dans votre voiture et vous laisser filer pour attraper le TGV .

Il faut maintenant rédiger le papier On a le temps. Ca va durer 4 heures ce retour au crépuscule. Avec dans notre sac des boîtes de pâté Henaff et des caramels au beurre salé. Merci la Bretagne ! 

 
Le trophée du premier perdant, Audi Endurance expérience, Finale 2016 / Erik Bielderman
Erik Bielderman

Après une quinzaine de saisons à essayer des autos pour L’Équipe et pour L’Équipe Magazine, vient l’envie de conter les coulisses du petit monde des essayeurs. Allez ! Je vous embarque avec moi sur un essai constructeur comme si vous y étiez.

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