Mercedes CLA 250+ : la grande voyageuse électrique

Mercedes CLA 250+ 2025 de couleur blanche

Pour cette troisième génération dévoilée sous forme de concept au CES de Las Vegas en 2024, Mercedes CLA amorce une rupture avec les précédentes : désormais conçue autour de l’architecture MMA (Mercedes Modular Architecture), elle adopte une orientation électrique forte, notamment avec une technologie 800 volts. Cette version 250+ se présente comme l’entrée de gamme 100 % électrique. Il ne s’agit plus une simple évolution, mais une redéfinition plus radicale du positionnement de la gamme CLA. Outre le 800 volts, elle adopte aussi le tout nouveau système d’exploitation maison, baptisé MB OS. Nous l’avons essayée au cours d’un road-trip dans les Dolomites, pour relier Venise à Munich.

Mercedes CLA 250+ 2025 de couleur blanche
Malgré sa masse, la berline électrique ne s'en sort pas trop mal sur les petites routes de montagne / The good click

Design et style : héritage assumé, lignes affinées

À première vue, la CLA reste fidèle au style berline coupé qu’elle incarne depuis 2013. Profil bas, capot plongeant, ligne de toit tendue et poupe musclée : le coupé quatre portes conserve ce mélange subtil entre sportivité et raffinement qui fait sa signature.

Mais sous la robe, cette fois, tout change. Sa toute nouvelle plateforme MMA (pour Mercedes Modular Architecture) a en effet été pensée dès le départ pour l’électrique.

L’avant se distingue par un masque noir constellé de 142 étoiles lumineuses animées, clin d’œil poétique à l’emblème Mercedes qui, par sa surface fermée, améliore aussi l’aérodynamisme. Le Cx quasi record de 0,21 en dit long sur le travail accompli.

À l’arrière, la malle classique au dessin resserré confirme le positionnement “berline” plutôt que “fastback”. Ceux qui préfèrent la praticité opteront pour la future CLA Shooting Brake, attendue courant 2026, qui sacrifiera quelques kilomètres d’autonomie mais gagnera en volume.

Mercedes CLA 250+ 2025 - intérieur

Habitacle : une verticalité surprenante

L’ouverture du coffre (405 litres) révèle un espace correct pour le segment, complété par un frunk de 101 litres. C’est une première chez Mercedes et c’est toujours bien pratique pour loger les câbles de recharge. Mais c’est en montant à bord que l’on découvre une planche de bord inédite.

La planche de bord panoramique et étonnamment verticale s’étend en effet d’une portière à l’autre, intégrant jusqu’à trois écrans selon la configuration choisie (le troisième écran était indisponible sur notre véhicule d’essai). Au centre, la dalle tactile de 14 pouces donne accès au système MB.OS, la nouvelle génération du logiciel maison de Mercedes. Ce dernier repose sur une architecture ouverte et connectée : navigation Google Maps, planification de recharge intelligente, commandes vocales naturelles et compatibilité avec les services numériques du constructeur. Pour l’utilisateur, la personnalisation passe aussi par l’installation d’applications tierces, notamment pour le streaming audio ou vidéo.

L’affichage est fluide, clair, et l’ergonomie repensée. Seule ombre au tableau : les commandes haptiques sur le volant, trop sensibles, peuvent se montrer capricieuses et donner l’occasion de manipulations intempestives avec la paume de la main. Nous l’avons suffisamment reproché à la gamme ID. de Volkswagen pour passer cette incongruité sous silence. D’ailleurs, dans la même veine, les commandes de vitres arrière nécessitent une manipulation supplémentaires pour le conducteur. Là encore, Mercedes a copié ce qui a été reproché à VW sur ses premières ID électriques. À ce niveau de gamme, on n’attend pas une économie de deux boutons, surtout quand elle complique les choses au quotidien. 

La qualité perçue, elle, reste au niveau attendu d’une Mercedes, même si quelques plastiques en partie basse trahissent le souci d’alléger la facture. On aurait par exemple apprécié un peu de moquettes dans les bacs de portière.

À l’arrière, les passagers profitent du toit panoramique de série, à la fois très lumineux et filtrant bien la lumière du soleil. Il sera prochainement occultable par segments, à la manière de ce que propose Renault sur son Scenic, par exemple. L’espace aux jambes est correct, mais la garde au toit reste limitée pour les grands gabarits. Le plancher haut, conséquence directe de la batterie, oblige à plier un peu les genoux : une petite concession au style coupé.

 
Mercedes CLA 250+ 2025 - volant
On aurait préféré un volant avec des commandes traditionnelles / The good click

Un moteur, deux rapports et beaucoup d’efficacité

La CLA 250+ embarque un moteur électrique unique monté sur l’essieu arrière. Avec 272 ch et 335 Nm de couple, la propulsion répond avec vigueur au moindre effleurement de la pédale. Le 0 à 100 km/h est abattu en 6,7 secondes, et la vitesse de pointe plafonne à 210 km/h, ce que nous avons eu le plaisir de vérifier sur la partie autoroutière allemande de notre périple. 

L’originalité technique réside dans la boîte automatique à deux rapports, une rareté dans l’univers électrique. Le premier rapport privilégie la nervosité et les relances urbaines, tandis que le second optimise le rendement à haute vitesse. Le passage d’un rapport à l’autre, quasi imperceptible, ne trahit qu’un léger frémissement autour de 110 km/h. Résultat : une consommation maîtrisée, y compris sur voie rapide.

Sur notre parcours mixte mêlant autoroute, routes secondaires, montagne et un peu de ville, nous avons observé une moyenne autour de 17 kWh/100 km, un chiffre très flatteur compte tenu des 2 055 kg à vide et, aussi, des pointes au delà de 200 km/h sur les autobahn. De son côté, Mercedes annonce une homologation entre 12,2 et 14,1 kWh/100 km qu’il nous parait tout à fait réaliste de tenir en jouant un peu plus la carte de l’éco-conduite.

Mercedes CLA 250+ 2025 de couleur blanche

700 km d’autonomie et des recharges éclair

C’est sans doute l’un des points les plus intéressants de cette nouvelle CLA 250+. Grâce à une batterie de 85 kWh utiles et à son architecture 800 volts, la berline revendique plus de 700 km d’autonomie WLTP, une valeur qui la place dans le haut du panier du segment.

Sur la route, ces chiffres se confirment en partie : entre 550 et 600 km réels semblent atteignables sans trop faire de concessions. En conduite coulée, certains confrères ont relevé des valeurs de consommation proches des 12 kWh/100 km, soit l’équivalent d’une Model 3 Grande Autonomie. 

Côté recharge, la CLA 250+ joue dans la cour des grandes. Sur une borne ultrarapide 800 V, elle accepte officiellement jusqu’à 320 kW de puissance, soit de quoi récupérer 300 km d’autonomie en dix minutes. Le passage de 10 % à 80 % prend environ 22 minutes. En pratique, il est même possible d’atteindre des puissances de charge de 350 kW.

Reste un bémol : le système ne prend en charge que les bornes 800 volts. Impossible donc de recharger sur une borne 400 V standard (dont une partie du réseau Tesla). Mercedes promet toutefois un convertisseur optionnel dès 2026, qui permettra de pallier cette incompatibilité.

Sur une borne domestique 11 kW, la charge complète réclame environ neuf heures.

Conduite : un équilibre entre dynamisme et confort

Au volant, la CLA 250+ surprend par son homogénéité. Malgré sa masse, elle se révèle agile et précise, surtout sur route secondaire. La direction, entièrement électrique (“by wire”), se montre douce, bien calibrée et presque communicative. Le châssis, rigide et équilibré, limite efficacement le roulis ; les suspensions métalliques font un travail remarquable pour absorber les irrégularités sans jamais devenir sèches.

Sur les longs trajets, le confort est de mise, surtout sur voie rapide : sièges enveloppants, insonorisation soignée (malgré un vitrage simple), position de conduite quasi parfaite. La CLA filtre avec brio les aspérités de la route, même chaussée de jantes de 19 pouces. Le compromis entre dynamisme et douceur rappelle les grandes heures des berlines Mercedes.

Le freinage régénératif se pilote depuis le sélecteur d’allure situé au volant. Quatre niveaux sont proposés, dont un mode “intelligent” adaptant la décélération au trafic. L’idée est bonne, mais les commandes via le sélecteur derrière le volant manquent d’intuitivité : on regrette les palettes nettement plus pratiques, surtout en montagne.

la Smart #5

Sur la route : un vrai goût de long voyage

Lors de notre long trajet entre l’Italie et l’Allemagne, la CLA 250+ a démontré ses qualités de grande routière : près de 600 km parcourus dans un confort princier et une tenue de route exemplaire sur les lacets alpins. Même en sollicitant les 272 ch sur les portions illimitées, la consommation reste raisonnable, preuve d’une efficience aérodynamique et mécanique aboutie.

L’assistance à la conduite, quant à elle, atteint sur le papier un très haut niveau : maintien dans la voie, régulateur adaptatif sans à-coups, lecture précise du trafic. Malheureusement, notre exemplaire de présérie nous a réservé quelques petits dysfonctionnements auxquels la marque à l’étoile nous avait peu habitués. Mercedes est habituellement très en pointe — voire référente — sur cet item, mais il est possible que le nouveau MB.OS de notre modèle nécessitait une mise à jour corrective. Dans de nombreuses circonstances, nous avons en effet trouvé que l’auto agissait trop souvent comme si elle détectait un danger qui n’avait pas lieu d’être. Cette conduite semi-autonome « défensive » s’est traduite notamment par de nombreux petits coups de frein sur autoroute, par exemple à l’entrée d’une courbe ou d’un tunnel, comme si la glissière de sécurité ou la structure pouvait avoir été interprétée comme un potentiel danger, tandis que nous évoluions bien dans notre voie de circulation.

Prix et gamme : premium, mais pas hors de portée

Mercedes a choisi de frapper fort côté dotation. De série, la CLA 250+ propose le toit panoramique, les sièges avant chauffants, la grande dalle centrale de 14 pouces, et une connectivité complète. Pour autant, certains équipements déverrouillables après le paiement d’une dîme, comme par exemple les radars de recul, mériteraient eux aussi d’être disponibles sans surcoût.

Le lancement se fait avec une Limited Edition facturée 52 900 €, dotée d’équipements valorisants : peinture métallisée, chargeur à induction, poignées affleurantes, ou encore jantes spécifiques.

Mais attention : cette version n’est proposée que jusqu’au 31 décembre 2025. Au-delà, la finition “Progressive Line”, légèrement moins équipée, deviendra l’entrée de gamme et sera facturée autour 53 450 €.

Les versions plus puissantes (CLA 350 4MATIC de 354 ch) s’affichent à partir de 62 000 € environ. Et comme souvent chez Mercedes, les options font rapidement grimper la note : pack AMG Line Plus (5 150 €), pack Premium Plus (4 300 €), audio Burmester, ou encore affichage tête haute.

 

Mercedes CLA 250+ 2025 - places avant

En attendant, cette CLA coche presque toutes les cases : efficiente, rapide à recharger, agréable à conduire, séduisante à regarder. Son autonomie réelle dépasse largement la moyenne du segment, et son confort en fait une routière de premier plan.

On pourra toujours chipoter sur quelques détails – plastiques moyens, freinage perfectible, compatibilité limitée avec certaines bornes – mais dans l’ensemble, Mercedes réussit son pari : proposer une électrique désirable, crédible et émotionnelle.

Verdict : une brillante étoile

En refermant la portière après un long périple, on se dit que la CLA 250+ a compris beaucoup de son époque. Ni trop radicale, ni trop sage : elle réussit là où beaucoup échouent, en rendant l’électrique aussi plaisante que rationnelle.

Ce n’est pas seulement une alternative à la Tesla Model 3 ou à la BMW i4, c’est une proposition différente : celle d’une berline coupé hautement technologique, à l’ADN Mercedes, capable de parcourir 700 km sans renoncer au plaisir. Mais c’est aussi parce qu’on a vraiment aimé voyager dans cette auto que l’on regrette d’autant plus les petites mesquineries dans son équipement et son ergonomie. 

Photos : The Good Click

Alexandre Lenoir

Plus de 30 ans de presse tech et auto n'ont pas entamé sa motivation. Alexandre teste passionnément tout ce qui roule et se connecte, tout en conservant un regard critique. Pour lui, la bonne techno est celle qui est avant tout utile !

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