Après s’être imposé comme numéro un mondial de l’électrification automobile, BYD accélère sa conquête de l’Europe. Le constructeur chinois lance la Seal 6 DM-i, un modèle disponible en berline et en break Touring, qui promet à la fois sobriété, autonomie et prix compétitifs. À mi-chemin entre électrique et thermique, cette nouvelle venue s’avance comme une réponse directe aux besoins des automobilistes européens partagés entre trajets urbains et longues distances.
BYD, nouvelle mais pas trop
Si la marque Build Your Dreams n’est arrivée que récemment sur le marché européen, elle est loin d’être une si jeune. Créée en 1995, BYD s’est d’abord illustrée dans la fabrication de batteries avant de se tourner vers l’automobile. En 2024, elle franchissait déjà la barre des quatre millions de véhicules électrifiés vendus dans le monde, soit près d’un cinquième du marché global.
Le secret de cette ascension fulgurante ? Une production quasi intégrée : 95 % des composants, y compris la célèbre Blade Battery, sont conçus en interne. Cette stratégie assure au constructeur un contrôle qualité serré et une compétitivité tarifaire difficile à égaler, sans nécessairement chercher à être le moins cher.
Une hybride qui ne dit pas son nom
La Seal 6 DM-i ne veut pas être réduite à une simple hybride rechargeable. BYD préfère parler de « Super Hybride DM-i », un système à double mode de fonctionnement. Sur le papier, l’auto peut parcourir environ 105 km en tout électrique avant de basculer en mode hybride, où le moteur thermique soutient le moteur électrique et recharge la batterie.
Deux versions de batterie sont proposées, 10 et 19 kWh, pour une puissance cumulée de 212 chevaux. La recharge atteint jusqu’à 26 kW en courant continu — suffisant pour un arrêt ponctuel, même si les utilisateurs de PHEV privilégient généralement la charge domestique. Au total, avec le plein et la batterie rechargée, l’autonomie peut atteindre plus de 1 500 km. Largement à la hauteur des meilleurs mazout du marché.
La consommation se maintient autour de 4,5 à 5 l/100 km, un chiffre compétitif pour une familiale de ce gabarit. Face à une fiscalité de plus en plus défavorable aux hybrides rechargeables, BYD mise sur ce positionnement hybride à long rayon d’action pour séduire ceux qui ne veulent/peuvent pas encore franchir le cap du 100 % électrique.
Design fluide, mais palette limitée
Côté style, la Seal 6 reste fidèle à l’inspiration maritime de la gamme : optiques en forme de gouttes, lignes fluides, calandre légèrement ondulée et jantes alliage de 18 pouces. La version Touring, spécifiquement pensée pour l’Europe où le break reste une institution, offre un coffre atteignant 1 535 litres banquette rabattue. Quand à la version berline, les apparences sont trompeuses : plutôt qu’un hayon, elle préfère une malle classique. Le coffre reste très volumineux, au point qu’il faudra se pencher pour en atteindre le fond.
À l’intérieur, l’espace arrière est généreux, mais loin d’être parfait pour autant : comme souvent sur les modèles électrifiés, les passagers ne peuvent pas glisser leurs pieds sous les sièges avant, un fâcheux compromis lié à l’intégration des batteries. Et du coup, vous n’y glisserez pas non plus « ce truc qui traîne ».
La qualité perçue se révèle en revanche très correcte, proche des standards européens. Seul bémol : une palette de couleurs de carrosserie restreinte à quatre teintes loin d’être très joyeuses.
Un équipement fourni dès l’entrée de gamme
Monsieur Plus semble être passé par là : la dotation en série se veut généreuse. Dès la finition Boost, on retrouve un écran tactile de 12,8 pouces compatible Apple CarPlay et Android Auto sans fil, des sièges électriques, une caméra de recul, des capteurs de stationnement et la fonction Vehicle-to-Load, qui permet d’alimenter des appareils externes.
Les versions supérieures ajoutent un écran de 15,6 pouces, des sièges chauffants à mémoire, un toit ouvrant panoramique et une caméra haute définition. Les aides à la conduite couvrent l’essentiel : régulateur adaptatif, surveillance des angles morts, détection de fatigue et avertisseur d’ouverture de porte. Seul regret, certaines alertes trop sensibles peuvent agacer, comme le système de vigilance qui s’active à tort selon la position du conducteur et qui donne envie d’hurler : « mais p**** lâchez nous un peu !«
Un comportement en progrès
La Seal 6 n’a pas la prétention d’être sportive, malgré la présence d’un mode de conduite ainsi nommé. Elle mise plutôt sur le confort et la progressivité. La berline offre une tenue de route équilibrée, avec une direction un peu lourde mais précise. Le break Touring, alourdi par son volume arrière, se montre moins dynamique et souffre de suspensions arrière un peu fermes sur les irrégularités.
Le freinage, partagé entre régénératif et mécanique, manque parfois de constance. Et l’absence de palettes pour ajuster la régénération à la volée pourra frustrer certains conducteurs. En revanche, le réglage par défaut reste progressif et facile à appréhender. Globalement, les progrès réalisés par BYD en termes de mise au point sont visibles : les modèles récents s’améliorent de génération en génération, voire de semestre en semestre.
Des prix agressifs pour l’Europe
En matière de tarifs, la Seal 6 DM-i se place sous la barre symbolique des 40 000 euros. En France, la berline débute à 38 490 € et le break Touring à 39 990 €. Les finitions Comfort Lite et Comfort franchissent les 42 000 €, mais restent en dessous de la concurrence européenne équivalente. Les offres de leasing commencent à 349 € par mois sur 48 mois, une option pensée pour séduire les particuliers autant que les indépendants. Et vu la tendance parfois outrageusement inflationniste de nombreuses marques « historiques », ces propositions exotiques commencent à trouver des oreilles attentives.
Un pari sur la polyvalence
La Seal 6 DM-i résume la stratégie de BYD : proposer un véhicule hybride rechargeable abouti, capable de rouler au quotidien comme une électrique, mais sans les contraintes d’infrastructure et le tout à un prix contenu. Avec son autonomie cumulée impressionnante et son habitabilité familiale, le modèle vise à s’imposer dans un segment dominé par des références comme la Toyota Corolla, la VW Passat, ou la Skoda Octavia Combi.
Si les gestionnaires de flottes sont encore frileux envers certaines marques non européennes, les particuliers, eux, pourraient bien se laisser tenter par ce compromis sino-européen. BYD espère en tous les cas ancrer sa présence et poursuivre une ascension qui, pour l’instant, ne semble pas devoir marquer de pause.
Les clés de la BYD Seal 6 DM-i (berline) | |
Dimensions (Lxlxh) | 4,84x1,88x1,51 m. |
Masse à vide (modèle essayé) | 1 805 kg |
Énergie | Hybride Essence et Électricité |
Moteur(s) | 4 cyl. 1.5 L + électrique (SàAP) |
Puissance maxi (cululée, modèle essayé) | 212 ch / 158 kW |
Couple maxi | thermique 122 Nm - électrique 300 Nm |
Transmission | Traction |
Boite de vitesse | réducteur 1 rapport |
Capacité Réservoir/Batterie | 65 L/10,4 ou 19 kWh |
Conso mixte (min/max WLTP) | 1,5-2,3 L /100 km + 12,2/15,2 kWh/100 km |
Prix d'accès à la gamme (au lancement) | 35 990 € |
