Dacia poursuit sa réflexion autour d’une mobilité électrique accessible et rationnelle avec le Hipster Concept, un petit véhicule d’à peine trois mètres de long pensé pour transporter quatre personnes dans un esprit à la fois minimaliste et ingénieux. Dans la continuité du concept Manifesto présenté en 2022, ce nouvel exercice de style cherche à redéfinir ce que pourrait être l’automobile électrique de demain selon la philosophie Dacia : dépouillée du superflu, légère, robuste et abordable

Radicalement simple
Dès le premier regard, le Dacia Hipster Concept attire l’attention par son format compact et ses lignes cubiques. Ses volumes nets, ses porte-à-faux quasi inexistants et sa silhouette trapue expriment la volonté des designers de condenser l’automobile à son strict nécessaire. Son capot court et haut affirme une impression de solidité, tandis que les surfaces planes et les contours francs évoquent une forme de rusticité moderne. Les optiques avant et arrière adoptent une signature lumineuse à LED au dessin pixelisé, renforçant le caractère technique du modèle.
Certains observateurs noteront des airs de famille avec d’autres véhicules compacts récents, comme le Vinfast VF3, un mini SUV vietnamien lancé en 2023, ou encore la Citroën Ami dans sa recherche d’une mobilité électrique accessible. Pourtant, le Hipster revendique sa propre identité. Il s’agit moins d’un véhicule urbain dans le sens classique du terme que du nouveau manifeste industriel d’une marque qui cherche à démontrer qu’il est possible de fabriquer un véhicule électrique léger et polyvalent sans sacrifier l’habitabilité ni la robustesse. Mais pourra-t-elle y parvenir ?

Un habitacle fonctionnel et modulable
À bord, l’ambiance est fidèle à l’esprit Dacia : simple, ingénieuse et sans artifices. L’intérieur privilégie des matériaux légers et des solutions pratiques. Les portières, par exemple, s’ouvrent par une sangle à la place de la traditionnelle poignée, tandis que les vitres glissent horizontalement sur un rail. Chaque choix de conception répond à un objectif clair : réduire la masse et simplifier la production.
Le Hipster fait également la part belle à la personnalisation grâce au système YouClip, déjà introduit sur plusieurs modèles de la marque. Onze points d’ancrage sont répartis dans l’habitacle – sur la planche de bord, les portières et la zone arrière – permettant de fixer divers accessoires. Le conducteur peut ainsi adapter l’intérieur à ses besoins : installer un petit ventilateur, ajouter des filets de rangement, ou encore fixer des poches modulables. Ce dispositif ludique et pratique permet de composer son véhicule selon ses usages plutôt que devoir se reposer sur une configuration standardisée.

Le numérique en mode essentiel
La simplification se retrouve aussi du côté technologique. La clé traditionnelle disparaît au profit du smartphone, qui sert à la fois d’outil de déverrouillage et d’écran d’infodivertissement. Une fois fixé sur son support magnétique à recharge par induction, le téléphone devient l’interface centrale du véhicule. Cette intégration minimaliste permet de se passer d’un système multimédia complexe et onéreux tout en répondant aux besoins connectés des utilisateurs.
Cette approche pragmatique fait écho à la philosophie du Manifesto : exploiter les objets du quotidien pour réduire le coût et l’impact environnemental du véhicule. Dacia semble ainsi vouloir démontrer qu’un véhicule électrique peut être technologique sans être technologisant, en misant sur la sobriété numérique plutôt que sur la surenchère d’écrans.

Quatre places dans un format mini
Avec ses 3 mètres de long, 1,55 mètre de large et 1,51 mètre de haut, le Dacia Hipster Concept parvient à accueillir quatre passagers et leurs affaires dans un espace remarquablement optimisé. L’agencement intérieur privilégie la simplicité et la légèreté, sans compromettre le confort. Les sièges avant et la banquette arrière sont réalisés dans un tissu maillé, tendu sur une structure métallique apparente, rappelant les solutions rudimentaires mais efficaces de la Citroën 2CV. Malgré ce dépouillement volontaire, l’assise se révèle étonnamment accueillante.
La banquette arrière, rabattable, permet de moduler le volume de chargement de 70 à 500 litres. Un second compartiment à l’avant, du côté passager, offre de quoi loger une valise cabine. Dacia a même imaginé un système d’appuie-têtes arrière pivotants vers les vitres latérales, évitant d’avoir à les démonter pour dégager un plancher plat.
Tous les choix de conception convergent vers un même objectif : contenir le poids. Grâce à une utilisation parcimonieuse des matériaux et à une conception simplifiée, le Hipster Concept affiche moins de 800 kilogrammes sur la balance, batterie incluse. C’est environ 20 % de moins que la Dacia Spring actuelle, et une valeur intéressante pour un véhicule électrique capable de transporter quatre personnes.
Cette légèreté ne relève pas du simple exercice de style : elle est au cœur de la stratégie de Dacia. Réduire la masse permet d’augmenter l’efficacité énergétique, de diminuer le coût des composants, et de simplifier la maintenance. En somme, c’est un retour à la rationalité automobile, à une époque où la majorité des voitures électriques avoisinent, voire dépassent largement les 2 tonnes.
Côté sécurité, le concept ne renonce pas à l’essentiel : deux airbags sont prévus, bien que leur présence puisse évoluer en fonction du type d’homologation retenu.

L’autonomie du quotidien
Dacia ne communique pas encore de données techniques définitives, mais les grandes lignes sont claires. Le Hipster n’a pas vocation à battre des records d’autonomie ni de puissance. L’objectif est de proposer un véhicule capable d’assurer les trajets quotidiens « avec deux recharges par semaine », selon les mots de Patrice Lévy Bencheton, directeur produit de la marque.
Les études internes montrent que les utilisateurs Dacia parcourent en moyenne 40 kilomètres par jour. Sur cette base, une autonomie d’environ 150 kilomètres serait donc jugée suffisante. Cette approche pragmatique s’inscrit dans l’un des argumentaires marketing — « Essential but Cool » — cher à la marque : concevoir des voitures qui répondent précisément aux besoins réels des conducteurs, sans excès.
La puissance du moteur et la vitesse maximale dépendront du statut réglementaire retenu. En quadricycle lourd (catégorie L7e), la vitesse serait limitée à 80 km/h, tandis qu’une homologation M1 – celle des voitures classiques – impliquerait davantage d’équipements de sécurité et ferait grimper les coûts. Entre ces deux extrêmes pourrait émerger une nouvelle catégorie de micro-voitures électriques, inspirée des kei cars japonaises, sur laquelle planchent plusieurs groupes européens, dont Renault et Stellantis.
Si Dacia a l’expertise technique et industrielle pour concrétiser un tel projet, la question du prix demeure centrale. Catherine Adt, nouvelle directrice de la marque, résume l’enjeu : « tout dans une automobile peut être challengé et réinventé. » Mais encore faut-il le faire sans renier la promesse de simplicité et d’accessibilité qui définit Dacia.
Le seuil symbolique fixé par le constructeur pour le passage à la série est clair : 15 000 euros maximum, avant aides et bonus. Ce chiffre sert de boussole au développement du projet. Pour comparaison, la Dacia Spring premier prix de nouvelle génération, forte de 70 chevaux et d’une autonomie de 225 kilomètres, est facturée 16 900 euros. Le Hipster devrait donc faire mieux, tant sur le plan du tarif que de la philosophie de conception, pour ne pas donner simplement envie de dépenser 2 000 euros de plus pour une auto peut être moins hype, mais plus logeable et plus polyvalente.

Un manifeste plus qu’un simple concept
Au-delà de sa fiche technique encore incomplète, le Hipster Concept s’inscrit comme une réflexion sur l’avenir de la mobilité urbaine. Il entend illustrer la volonté de Dacia de repenser la voiture non pas comme un objet de prestige ou de performance, mais comme un outil rationnel et accessible, fidèle à son héritage.
Ce concept ne se limite pas à une étude de design : il esquisse les contours d’un nouveau segment possible en Europe, celui des micro-voitures électriques légères, capables de répondre aux besoins de déplacement quotidien tout en restant économiques à produire et à entretenir.
Tout le monde peut d’ailleurs découvrir le Hipster Concept en réalité augmentée via l’application Dacia AR, une manière interactive et ludique d’explorer les lignes et les fonctionnalités de ce concept.

Une promesse de bon sens
Le Dacia Hipster Concept ne cherche pas à séduire par la démesure ni à impressionner par la technologie. Il pose une question simple : comment concevoir une voiture électrique abordable, légère et adaptée aux usages réels ? En répondant par un design astucieux, une architecture simplifiée et une approche pragmatique de la mobilité, Dacia trace ici une voie alternative dans un paysage automobile souvent dominé par la sophistication et la surenchère.
Reste à savoir si ce manifeste deviendra réalité industrielle. Mais une chose est sûre : dans un marché électrique en quête d’équilibre entre coût, autonomie et pertinence d’usage, le Hipster Concept rappelle qu’il est parfois plus innovant de faire simple que de vouloir tout faire.
