Depuis qu’Apple existe (50 ans l’an prochain…), elle fait du design et de l’intégration l’un des axes principaux de son innovation. Cet automne, la firme de Cupertino n’a pas renié pas cet engagement avec un smartphone atypique : l’iPhone Air. Dévoilé à la rentrée aux côtés de la gamme iPhone 17, il s’en distingue par l’absence de numérotation et son positionnement à part dans la hiérarchie du catalogue. Ce modèle ultra-fin, vendu à partir de 1 229 euros, veut incarner la vision d’un iPhone futuriste, pensé pour le confort d’utilisation et la légèreté, quitte à imposer plusieurs compromis techniques.
Avec ses 5,6 millimètres d’épaisseur et ses 165 grammes, l’iPhone Air affiche des dimensions inédites dans l’écosystème de la marque. Il est à la fois plus grand qu’un iPhone 17 et plus léger que n’importe quel autre smartphone haut de gamme actuel. Mais au-delà de la prouesse de conception, il s’agit de mesurer la cohérence du produit dans son ensemble : autonomie, photo, performances et usage au quotidien. Après plusieurs semaines d’essai, le constat est nuancé : l’iPhone Air séduit par son format, mais peine à convaincre sur tous les fronts.
Design et ergonomie de l’iPhone Air
Apple a rarement autant insisté sur la forme d’un produit. L’iPhone Air, en venant en quelque sorte remplacer la version « Plus » de la gamme 17, reprend le flambeau de l’innovation esthétique que la marque associait autrefois au label « Air » des MacBook. Son design rappelle celui inauguré avec l’iPhone 6 ou encore de l’iPhone X, avec des bords arrondis et un châssis en titane poli, mais l’ensemble dégage une impression nouvelle. La finesse extrême du téléphone chamboule un peu la sensation que procure habituellement un smartphone de 6,5 pouces en main. L’objet est incontestablement léger et équilibré.
Ce travail de miniaturisation ne repose pas seulement sur un raffinement des matériaux. Apple a revu l’agencement interne du smartphone : les composants électroniques sont regroupés dans la partie supérieure, au niveau du module photo, tandis que la batterie occupe la totalité du volume inférieur. Cette architecture inversée libère de l’espace et permet d’obtenir un appareil homogène, même si elle implique des choix contraignants sur la taille de la batterie et la disposition des ports.
L’utilisation au quotidien confirme cette sensation d’équilibre. Le téléphone se glisse sans effort dans une poche et son poids réduit procure un réel confort. Mais cet avantage disparaît une fois en place la quasi indispensable coque de protection. Car rares seront sans doute les utilisateurs qui oseront manipuler un smartphone à plus de 1 200 euros sans protection, sauf à s’acquitter d’une assurance de type AppleCare. Alors, même avec un étui ultra-fin, la magie du design s’atténue. Apple mise pourtant sur la robustesse de son châssis en titane et de son verre Ceramic Shield pour inciter à se passer d’accessoire, assurant que le téléphone résiste aux torsions et aux chutes modérées. Le sentiment de sécurité reste toutefois psychologique : la peur d’endommager un appareil aussi fin freine la pleine jouissance de son design. Ceci dit, la coque de protection procure au moins un avantage pratique : elle permet de poser l’appareil côté dos sur une table sans que la proéminence de l’objectif photo ne viennent le déséquilibrer.
Tout ceci dit, la fabrication demeure exemplaire. L’assemblage est précis, les finitions impeccables et la répartition du poids bien pensée. Le bloc photo, légèrement en surépaisseur vous l’aurez compris, ne gêne pas la prise en main. L’ensemble témoigne d’une vraie maîtrise industrielle, même si le port USB-C — très légèrement décalé sur la tranche inférieure et limité à des vitesses USB 2 — trahit certaines contraintes liées à la finesse.
Écran : l’autre point fort de l’iPhone Air
L’écran de l’iPhone Air appartient à la famille des dalles Super Retina XDR, ici au format 6,5 pouces, avec une définition de 2 736 × 1 260 pixels pour une densité de 460 ppp. Il s’agit d’une dalle OLED LTPO capable de faire varier son taux de rafraîchissement entre 1 et 120 Hz grâce à la technologie ProMotion. Cette évolution met fin à une disparité ancienne : les iPhone « non Pro » disposent enfin d’un affichage aussi fluide que les modèles haut de gamme.
Côté luminosité, le niveau atteint (jusqu’à 2 900 cd/m²) est exceptionnel et garantit une parfaite lisibilité en plein soleil, d’autant plus que les reflets ne sont que rarement gênants, même en plein soleil. Les couleurs sont d’une grande justesse, avec un delta E inférieur à 2 et une température de couleur proche de la norme de 6 500 K. L’écran couvre la quasi-totalité de l’espace sRGB et plus de 98 % du DCI-P3, ce qui en fait l’un des meilleurs du marché en matière de fidélité chromatique.
Apple confirme donc son argument sur la qualité visuelle, qu’il s’agisse de visionnage vidéo, de photographie ou de navigation. Le contraste infini de l’OLED et la luminosité en HDR assurent un rendu homogène dans toutes les conditions. Le confort visuel, renforcé par les bordures fines et la taille équilibrée de l’écran, s’accorde avec la vocation de l’iPhone Air : proposer une expérience fluide et élégante sans sacrifier la précision de l’image.
Performances : puissance maîtrisée, chaleur en prime
Sous sa coque minimaliste, l’iPhone Air héberge la même puce A19 Pro que les modèles les plus chers de la gamme. Ce choix constitue l’une des bonnes surprises du produit, puisque la rumeur pressentait un processeur moins ambitieux. Le SoC (système sur puce), doté de six cœurs CPU et de cinq cœurs GPU, garantit des performances de premier plan. Dans les tests de calcul comme dans les usages réels, l’iPhone Air se place au niveau des iPhone 17 Pro, tout en offrant une fluidité exemplaire dans iOS 26. Ainsi, nos tests GeekBench 6 que vous pouvez retrouver intégralement sur la liste de nos mesures confirme que, loin d’être un matériel au rabais, l’iPhone Air ne comporte comme un matériel premium. Il surclasse notamment la gamme iPhone 16 Pro de l’an passé.
Cette puissance n’est pas sans contrepartie. La compacité du châssis entraînent une chauffe notable au niveau du module caméra. Lors d’un usage intensif, en jeu ou en enregistrement vidéo, la température monte sensiblement. Notre thermomètre a affiché jusqu’à 44°C. Ce n’est pas insupportable, mais on le sent. À cette température, les capteurs poussent le système à réduire légèrement les performances pour éviter la surchauffe. Cependant, grâce à la répartition des composants, le bas du téléphone reste froid, ce qui préserve la prise en main.
Dans les tâches courantes, la réactivité est parfaite. L’ouverture des applications, la navigation et la gestion du multitâche s’effectuent sans latence. Même les jeux 3D les plus exigeants s’exécutent sans ralentissement majeur.
Audio et connectivité : des choix contraints
Pour parvenir à une telle minceur, Apple a dû revoir plusieurs éléments matériels. Le premier sacrifice concerne le son. L’iPhone Air abandonne la stéréo pour un unique haut-parleur placé au-dessus de l’écran. Le rendu demeure clair, mais manque dès lors clairement d’ampleur et de spatialisation. En orientation horizontale, il arrive que le haut-parleur soit partiellement obstrué par les doigts. Le micro, positionné près du port USB-C, souffre du même problème. Ces petits désagréments rappellent les limites d’une conception extrême où chaque millimètre-cube est compté.
Côté connectivité, le smartphone adopte le Wi-Fi 7 et le Bluetooth 6.0, ce qui garantit une compatibilité avec les réseaux les plus récents. L’absence de tiroir SIM traduit la transition définitive vers l’eSIM. Deux lignes peuvent fonctionner simultanément, et plusieurs profils peuvent être enregistrés, mais le changement d’appareil s’en trouvera moins intuitif. Enfin, le nouveau modem C1X d’Apple, chargé de la gestion des communications cellulaires, se montre efficace : la stabilité du réseau et la consommation en veille figurent parmi les points forts du téléphone.
Photo : un retour en arrière assumé
C’est la photo qui illustre le mieux les compromis consentis par Apple. L’iPhone Air n’embarque qu’un seul capteur dorsal de 48 mégapixels avec optique grand-angle équivalente à 26 mm. Ce choix tranche avec la tendance actuelle aux modules multiples. Il s’explique évidemment par le volume restreint dans le châssis, la carte mère et les circuits occupant déjà la partie supérieure du smartphone.
En plein jour, la qualité d’image reste excellente. Les clichés sont détaillés, les couleurs naturelles et la gestion de l’exposition équilibrée. Le traitement logiciel conserve la patte Apple, avec un contraste maîtrisé et un rendu fidèle. Le recadrage x2 exploite les 48 mégapixels du capteur pour simuler un zoom, mais la perte de précision est perceptible, comme on peut le constater sur les photos comparatives ci-dessous, l’appareil étalon étant un iPhone 16 Pro.
De nuit, les limites deviennent évidentes. L’absence de téléobjectif et d’ultra grand-angle restreint les possibilités, et le bruit numérique s’accentue dans les zones sombres. Les portraits, gérés par un mode logiciel, manquent parfois de justesse dans le détourage.
Le capteur frontal de 18 mégapixels, avec sa fonction Cadre centré, offre en revanche une expérience plus convaincante. Grâce à son astucieux format carré, il permet de changer automatiquement le cadrage entre portrait, paysage ou ultra grand-angle selon la scène et quelque soit la manière dont on tient l’appareil. Ce dispositif hérité du monde des Mac s’avère efficace pour les selfies et les visioconférences.
En vidéo, l’iPhone Air enregistre en 4K jusqu’à 60 i/s, avec une bonne stabilisation et la possibilité de filmer simultanément avec les deux capteurs.
Enfin, côté pratique, l’iPhone Air embarque la commande tactile Contrôle de l’appareil photo qui permet de modifier certains réglages à la volée. Cette commande permet également d’appeler l’Intelligence visuelle pour identifier un objet ou un produit à l’aide de l’IA.
Globalement, la qualité photographique est satisfaisante, mais la polyvalence fait défaut. À tarif proche, l’iPhone 17 (Pro ou non) ou certains concurrents Android offriront davantage d’options. En privilégiant l’élégance à la diversité fonctionnelle, l’iPhone Air limite l’intérêt que pourraient lui porter les amateurs de photo mobile.
Autonomie et recharge : le talon d’Achille
Bilan : un avant-goût du futur, mais pas encore l’équilibre parfait
L’iPhone Air est un objet fascinant. Par sa conception, il marque un tournant dans l’approche d’Apple, qui parvient à allier finesse extrême et puissance de calcul. L’expérience en main est unique, la qualité d’affichage irréprochable et la finition proche de la perfection. Ce smartphone incarne une vision de l’élégance et du minimalisme que peu de fabricants ont les moyens de défendre. Mais cet idéal se paye. L’autonomie limitée, la chauffe ponctuelle, l’absence de second capteur photo et la restitution sonore amoindrie ternissent l’ensemble. L’iPhone Air ne s’adresse pas à ceux qui cherchent la polyvalence ou la meilleure endurance. Il cible les utilisateurs qui placent le design, la légèreté et le confort tactile au-dessus de tout.
Notre intuition nous dit que si Apple réinvente ici sa manière de concevoir un smartphone, en explorant la frontière entre technologie et objet de design, ce n’est pas tant pour l’iPhone Air 2025 en lui-même, que peut-être bien pour explorer comment une telle finesse pourrait se traduire dans le cadre d’un iPhone pliant. Il préfigure donc possiblement les futures orientations de la marque. Mais pour l’heure, il demeure un produit d’exception, audacieux et imparfait à la fois.
VERDICT
l’iPhone Air symbolise le savoir-faire d’Apple en matière d’ingénierie, mais rappelle aussi les limites d’un design poussé à l’extrême. Chef-d’œuvre esthétique ou compromis technique, il occupe une place singulière dans l’histoire de la marque : celle d’un prototype devenu produit commercial, séduisant, cohérent sur certains points, mais difficile à recommander sans réserve.
+ Design
+ Qualité de fabrication
+ Écran de très bonne facture
– Prix élevé
– Compromis sur le son






