DS N°4 : électrique ou hybride ? Le duel du luxe à la française.

DS n°4 2025

Avec son restylage et sa nouvelle appellation « Numéro 4 », la compacte premium de DS Automobiles franchit un cap symbolique. Disponible désormais en version 100 % électrique, en hybride rechargeable, en micro hybride et même bientôt en Diesel, la DS N°4 se veut la vitrine du savoir-faire tricolore face aux Audi A3, Mercedes Classe A et BMW Série 1. Ce choix n’est pas le nôtre, c’est celui qu’expriment les représentants de la marque lorsqu’ils veulent expliquer le positionnement de la voiture sur le marché.
Dans notre essai, nous avons confronté deux approches, deux philosophies : l’une mise sur le silence et la modernité d’un moteur zéro émission, l’autre sur la polyvalence du petit système hybride 48 volts. Voici notre verdict.

Grâce à quelques éléments de design, la DSN°4 affirme une présence certaine sur la route / DS

Un souffle nouveau pour DS

Depuis son lancement en 2021, la DS4 – devenue DS N°4 – symbolise l’ambition de DS Automobiles : proposer un haut de gamme à la française, entre audace esthétique et raffinement intérieur. Après plusieurs années marquées par des séries spéciales plus que par de vraies nouveautés, la marque premium du groupe Stellantis relance enfin la dynamique. Ce restylage de mi-carrière ne se contente pas d’un lifting cosmétique : il inaugure une motorisation électrique inédite et revoit en profondeur ses versions hybrides.

À l’heure où le marché se polarise entre électrification totale et solutions hybrides de transition, DS choisit de ne pas trancher. Elle assume un double discours : offrir le meilleur des deux mondes. 

Un design plus affirmé, entre élégance et technologie

Difficile de ne pas remarquer la nouvelle identité stylistique de la DS N°4. La face avant, redessinée, adopte une calandre plus travaillée et une signature lumineuse inspirée de la grande sœur DS N°8. Les deux crocs lumineux, désormais reliés par une ligne de LED fine et un logo rétroéclairé, affirment un caractère plus moderne sans renier le raffinement typique de la marque. Bon, « raffinement« , à vrai dire ce n’est pas nous qui le disons. Nous trouvons pour notre part cet éclairage diurne trop imposant, trop tape à l’œil. Lorsqu’il s’agit de luxe, la discrétion ne nuit jamais.

Nous n’avons également pas pu ne pas noter la déformation du logo de calandre, comme tassé. « On pensait se faire allumer pour ça, vous êtes les premiers à nous en parler« , nous répond le designer Thierry Métroz lorsqu’on l’interroge à ce sujet. « Non, on n’a pas redessiné le logo de DS, mais on s’autorise cette fantaisie uniquement sur les voitures. » De fait, sur le pilier C de l’auto, le logo DS trône dans ses proportions habituelles.

Les feux arrière en écailles, le lettrage « DS Automobiles » sur le hayon et le profil sculpté participent à cette allure dynamique. Avec 4,40 mètres de long et près de 1,90 mètre de large avec les rétros, la DS N°4 se situe dans la moyenne du segment, mais ses proportions élancées et sa garde au sol de 18,9 cm lui confèrent un petit air de crossover. L’aérodynamique, retravaillée, promet un meilleur rendement énergétique, même si le Cx ne nous a pas été indiqué.

De profil, la silhouette conserve ce mélange de berline et de SUV compact, renforcé par de grandes jantes de 19 pouces. Et sur la route, grâce à ses nouveaux éléments de design qui la font paraître plus large, la N°4 dégage une présence incontestable.

Le système audio Focal permet de bénéficier d'un son de bonne facture / DS

À bord : le soin du détail à la française

Si l’extérieur évolue par touches, l’habitacle fait un notable bond en avant. Dès l’ouverture des portières, on retrouve cet univers feutré et singulier propre à DS : matériaux nobles, textures soignées, assemblages précis (même si la partie gauche du tableau de borde de notre version électrique de test vibrait désagréablement au passage sur certains revêtements). Selon les finitions, l’ambiance varie de la sobriété élégante à une certaine opulence, avec des selleries en cuir Nappa ou en Alcantara, des inserts en aluminium brossé et une planche de bord au dessin épuré. Petite remarque : la conception des contre-porte ne permet pas de reposer bras et main confortablement, ce qui nuit à l’expérience passager. Et c’est d’autant plus regrettable que l’auto ne propose pas non plus de poignée de maintien. 

Le poste de conduite se modernise. Le pavé tactile central, peu ergonomique, disparaît pour laisser place à un rangement… pas très utilisable en vérité. On pourra y placer son ticket de parking ou d’autoroute. L’écran d’instrumentation numérique gagne en taille (10 pouces désormais) et voit son interface plus graphique, tandis que l’écran central tactile conserve la même diagonale, et reste donc un peu étroit par rapport à la concurrence. L’affichage tête haute, présent sur les finitions hautes, complète l’ensemble.

L’ergonomie se montre plutôt correcte : DS n’a pas succombé à la mode du « tout tactile » et conserve des commandes physiques pour la climatisation, le volume sonore ou la désactivation des alertes de survitesse, maintien dans la voie, etc. Un appui long sur un bouton permet d’appeler ses réglages préférentiels : parfait. Indispensable, en fait. Sur les autoroutes portugaises, durant notre essai, l’indication de vitesse maxi autorisée passait parfois de 120 à 40 km/h sans qu’aucun panneau de ce type ne soit visible. 

Les sièges, enveloppants et bien dessinés, offrent un bon maintien sans sacrifier le confort. À l’arrière, l’espace reste correct pour deux adultes, un peu moins pour trois, la faute à un tunnel central marqué. On apprécie en revanche la présence de la cave à pied, même sur la version électrique. C’est là le petit bénéfice de sa plateforme multi-énergie sur laquelle les batteries sont réparties un peu partout et pas uniquement à plat sous le plancher, nous y reviendrons. En attendant, ça évite la posture désagréable qui force les genoux à remonter très haut et que l’on rencontre dans de nombreuses électriques.

Le coffre, lui, varie sensiblement selon la motorisation : 430 litres pour l’hybride simple, 390 litres pour l’électrique et seulement 360 litres pour la version hybride rechargeable. Il se place quoi qu’il en soit dans le haut de son segment.

Globalement, la DS N°4 demeure fidèle à son ambition : proposer une expérience à bord plus sensorielle que technologique. Les matériaux séduisent, le silence impressionne et la présentation se démarque de la rigueur allemande. En revanche, la connectivité reste le point faible de la marque : interface limitée, lenteur (voire quasi inutilité) du système Iris, et un assistant vocal ChatGPT encore perfectible, pour ne pas dire peu pertinent dans un système embarqué selon nous, même s’il est ici connecté à l’actualité.

Technologie et confort : un équilibre cohérent

La DS N°4 s’équipe des dernières assistances de conduite du groupe Stellantis : régulateur adaptatif, maintien dans la voie, freinage d’urgence, lecture des panneaux, et même un système de changement de voie semi-automatique. Le tout fonctionne avec une rigueur rassurante, modulo les indications de vitesse parfois fantaisistes mentionnées plus haut. Dommage que le volant ne soit pas capacitif et impose donc une légère pression constante pour garder active la conduite semi-autonome.

Côté confort, la N°4 reste une DS avant tout. Malgré la disparition de la suspension pilotée assistée par caméra (réservée autrefois aux versions Opéra), l’amortissement conserve un excellent compromis. En ville, les pavés sont avalés avec douceur, et sur autoroute, la voiture filtre efficacement les aspérités. Seules les grandes vitesses laissent percer quelques bruits aérodynamiques, un détail que ne partagent pas certaines cousines du groupe.

DS N°4 Électrique : le charme discret du zéro émission

Première vraie DS électrique hors SUV, la DS N°4 100 % électrique s’avance avec des arguments solides. Sous le capot, elle reprend le moteur de 213 ch déjà vu sur les Peugeot e-3008 et e-408. Ce bloc développe un couple de 343 Nm, de quoi assurer de bonnes relances et un 0 à 100 km/h en 7,1 secondes. Le tout repose sur la plateforme EMP2, déjà bien connue et ici dans sa déclinaison électrique.

Cette architecture, certes polyvalente, montre aussi ses limites : la batterie de 58,6 kWh nets se loge dans différents modules répartis sous le plancher et les sièges, une solution ingénieuse mais non optimale. Résultat : un poids à peu près contenu (1 867 kg) mais une capacité modeste qui bride les longues distances. L’autonomie officielle atteint 440 à 450 km en cycle WLTP, voire près de 580 km en ville. Dans la réalité, misez plutôt sur un peu moins de 300 km sur autoroute et environ 400 km en usage mixte.

En ville, la DS N°4 électrique séduit par sa douceur. Le silence de fonctionnement, l’insonorisation remarquable et le confort de suspension en font une compagne idéale du quotidien. Trois niveaux de régénération d’énergie permettent de moduler le frein moteur, mais l’absence de mode « one-pedal » laissera un petit goût d’inachevé à ceux qui en sont friands. Nous concernant, nous avons une préférence pour doser au pied la force de freinage nécessaire à l’arrêt complet, question de confort et de constance.

Sur voie rapide, le comportement reste neutre et rassurant. La direction plutôt précise guide un train avant efficace, même si la plateforme multi-énergies impose une architecture traction. L’équilibre général inspire confiance, et les aides à la conduite s’intègrent sans excès.

En revanche, quand la route se resserre et que les lacets s’enchaînent, les pneus crissent vite à l’excès, les pertes de motricité sont fréquentes en sortie de virage et il faut se rendre à l’évidence : le surpoids reste l’ennemie du plaisir de conduire.

Les longues étapes rappellent également les limites techniques. Avec une puissance de charge limitée à 120 kW en courant continu, la DS N°4 récupèrera 20 à 80 % d’énergie en environ 30 minutes. C’est correct, mais loin des meilleures du segment. En courant alternatif, le chargeur embarqué de 11 kW assure une recharge complète en 5 h 45.

On apprécie aussi le système V2L (Vehicle-to-Load), permettant d’alimenter un appareil externe, et le préconditionnement de batterie manuel. La pompe à chaleur reste optionnelle, un choix que certains jugerons discutable pour une voiture premium, mais que les habitants de régions tempérées n’ont effectivement pas forcément besoin de payer.

Sur la route, malgré ces bémols, la DS N°4 électrique affiche une réelle maturité. Son confort acoustique, son équilibre et la qualité de finition la placent dans le haut du panier des compactes électriques européennes. Mais face à des concurrentes plus modernes et parfois moins chères elle peine à justifier un tarif de 46 990 à 51 290 €. Songez notamment que la nouvelle Mercedes CLA 250+ démarre à 52 000 euros, avec certes moins d’équipements, mais une plateforme électrique 800 volts ô combien plus efficace que celle de la française.

 
Le coffre de la DS N°4 offre l'un des meilleurs volumes de sa catégorie / DS

DS N°4 MHEV : vive la légèreté !

Face à la jeune électrique, la DS N°4 micro hybride 48 volts joue la carte de la légèreté. Équipée d’un bloc essence 3 cylindres 1.2 turbo à cycle Miller associé à un moteur électrique, elle totalise 145 chevaux et 230 Nm de couple. L’ensemble est associé à une transmission à double embrayage à 6 rapports.

Sur route, la DS N°4 MHEV séduit avant tout par sa légèreté. Certes, le moteur électrique qui n’est alimenté que par une toute petite batterie de 0,43 kW sert essentiellement à assister le bloc essence dans les phases de charge importante ou au démarrage, même si DS avance qu’il permet de rouler 50 % du temps en électrique en ville. Il n’apporte donc qu’un agrément minime, mais le bénéfice pour le conducteur est double. La solution est en premier lieu nettement plus économique lorsqu’il faut signer le chèque d’acquisition de la voiture, mais aussi en s’économisant le poids cumulé d’une grosse batterie et d’un gros moteur électrique, l’auto est bien plus agile sur la route. En revanche, la boîte auto est bien trop lente dans les changements de rapport — surtout en mode manuel — et le petit 3 cylindres peine à offrir du frein moteur à la décélération. Descendez des rapports dans une pente : le moteur hurle, mais l’auto ne ralentit pas vraiment pour autant.

Le confort reste heureusement l’un des points forts de cette version. L’amortissement filtre bien les irrégularités, l’insonorisation demeure correcte, et le freinage, plus consistant qu’auparavant, inspire confiance. Sur autoroute aux allures légales, la voiture avale les kilomètres sans fatigue, même si malgré le double vitrage les bruits d’air sont un peu plus présents que chez certaines rivales allemandes. Et sur le réseau secondaire, on apprécie l’agilité retrouvée d’une auto allégée du poids de la batterie de la version électrique, soit autour de 500 kilos.

Côté consommation, la version mHEV affiche des valeurs correctes, sans plus : environ 7 l/100 km, sur notre parcours. 

Pour les tarifs, enfin, la N°4 MHEV se positionne entre 39 300 € et 46 600 €, selon la finition. Des tarifs élevés que DS dit assumer en misant sur le style et la qualité de présentation. Certes, il faut reconnaître que l’intérieur français se distingue de ceux de la plupart des allemandes.

 

Duel serré, verdict nuancé

Alors, entre l’électrique et l’hybride, laquelle choisir ?

La DS N°4 électrique incarne la modernité et la douceur de conduite. Elle charme par son confort, sa présentation et son silence, mais son autonomie et ses temps de charge limités restreignent un usage vraiment polyvalent au quotidien. Elle s’adresse clairement aux conducteurs urbains ou périurbains, séduits par l’élégance et la sérénité d’un modèle zéro émission. Son autonomie sur autoroute n’a rien d’exceptionnelle, mais elle fera le job pour partir de temps en temps en vacances.

La version hybride, elle, offre le meilleur compromis économique. Plus vive sur la route, plus endurante (jusqu’à 1000 km entre deux plein, affirme DS), elle combine agrément et rationalité. Et même si elle reste en retrait sur le plan technologique, elle répond encore aujourd’hui davantage aux besoins de la majorité de la clientèle automobile. C’est clairement celle qui a aujourd’hui notre préférence.

 

Sur la calandre, le logo DS a été tassé pour donner l'illusion d'un auto plus large / DS

Conclusion : deux visages d’une même ambition

Avec cette nouvelle N°4, DS affirme sa volonté d’occuper le terrain du haut de gamme avec une offre plurielle. L’électrique entend tracer la voie du futur de la marque, l’hybride consolide le présent et répond avant tout à la demande du marché. Pragmatique. Dans les deux cas, le raffinement et l’originalité française demeurent la signature de la marque.

Reste à DS à franchir le cap technologique : une plateforme 100 % dédiée à l’électrique, une connectivité plus aboutie et une stratégie plus lisible permettraient à la N°4 de rivaliser pleinement avec les ténors du segment. En attendant, cette double offre prouve qu’une voiture peut encore allier style, confort et caractère, qu’elle carbure à l’électron ou au sans-plomb. Et dans ce registre, la DS N°4 reste, plus que jamais, une exception française.

 

Photos : DS Automobiles et Alexandre Lenoir

Alexandre Lenoir

Plus de 30 ans de presse tech et auto n'ont pas entamé sa motivation. Alexandre teste passionnément tout ce qui roule et se connecte, tout en conservant un regard critique. Pour lui, la bonne techno est celle qui est avant tout utile !

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