367 chevaux et 4,2 l/100 km : l’Audi A6 e-hybrid fait le job

Audi A6 e-hybrid 2025

Oui, c’est vrai. On nous l’avait pourtant dit encore pas plus tard qu’en début d’année lors de la conférence de presse annuelle de la marque : chez Audi, les numéros pairs (A6, Q6, Q4…) serviraient désormais les véhicules 100 % électriques — e-tron —, tandis que les numéros impairs (A3, A5…) seraient les marqueurs de modèles disposant toujours d’un moteur thermique. D’ailleurs, l’A4 n’avait-elle pas pour l’occasion disparu du catalogue pour fusionner avec l’A5 ? Et pourtant… La nouvelle A6 e-tron, d’abord présentée comme 100 % électrique a, réalisme oblige, vite été dotée d’une chaîne de traction hybride rechargeable, et même d’un diesel.
C’est à cette version PHEV, désormais baptisée e-hybrid (comme chez Porsche, donc, et que l’on trouve désormais aussi sur les A5 et Q5), que nous avons pu nous intéresser. 

Tibo Chevalier / The Good Click / Audi

Le tour du propriétaire

L’Audi A6, c’est une ligne toujours très reconnaissable qui s’étire sur près de 5 mètres de long, une malle plutôt modeste de seulement 360 litres en raison de la présence du pack batterie qui vient manger près de 100 litres par rapport au volume de celui de la version diesel, et surtout du confort pour le voyage des passagers.
Sous le capot, on trouve un bloc TFSI quatre cylindres 2,0 litres de 252 chevaux, secondé par un moteur électrique de 143 chevaux logé dans la boîte à double embrayage. Deux niveaux de puissance sont proposés par la marque, 299 et 367 chevaux. Les deux versions sont strictement identiques, seule l’électronique bride la puissance du modèle d’entrée de gamme. Nous essayons ici la version 367 chevaux.

Jusqu’à trois écrans sont proposés dans l’Audi A6 e-hybrid / Tibo Chevalier

Audi A6 e-hybrid : gamme et tarifs

La gamme de la nouvelle A6 est relativement simple, puisqu’outre les déclinaisons berline ou break (Avant), elle est constituée d’une entrée de gamme baptisée Business Executive uniquement disponible en 299 chevaux (74 850 euros) et d’une version S-Line, quant à elle proposée avec les deux offres moteur, 299 et 367 chevaux (respectivement 79 000 et 81 400 euros). À ces finitions il est évidemment possible d’ajouter des équipements piochés dans le catalogue des packs d’options. 
Ainsi, le pack Tech Pro à 5 100 euros, par exemple, « offre » des feux matrix LED à l’avant, les feux arrière OLED numériques, le chauffage du volant et des sièges avant et arrière, la clim quatre zones, un troisième écran pour le passager avant, de nombreuses ADAS (aides avancées à la conduite), une protection renforcée des occupants et on en passe. 
Pour 3 300 euros supplémentaires, le pack MMI Experience Pro ajoute notamment un affichage tête haute, des ports USB-C plus puissants (60 et 100 watts) ou encore un système audio B&O et une connectivité cellulaire de 3 ans. Enfin, en puisant dans le catalogue à la demande, il reste possible d’ajouter des dizaines d’autres équipements, notamment un toit panoramique à occultation LCD, un vitrage acoustique, ou des suspensions pneumatiques. Au jeu des options, notre modèle d’essai est ainsi passé de 81 400 à 106 620 euros… Même si le premium allemand nous a depuis longtemps habitués, on pourra tout de même trouver très pingre le fait de devoir s’acquitter de 250 euros pour disposer de réglages de sièges à mémoire ou de constater que le chauffage de ces même sièges n’est pas de série…
© Tibo Chevalier

Redonner foi dans le PHEV

L’argument premier du PHEV, depuis que Mitsubishi a popularisé cette technologie mêlant un moteur thermique à un moteur électrique alimenté par une grosse batterie rechargeable sur une prise de courant, c’est qu’il propose « le meilleur des deux mondes ». Roulage en 100 % électrique en ville et même plusieurs dizaines de kilomètres au-delà, et sécurité du moteur thermique pour éviter l’angoisse de la recharge ou assurer des voyages au long court sans avoir besoin d’en passer par une borne de recharge. À la clé, bien sûr, des économies de carburant et donc des émissions de CO2 en moins.
Sauf que bien souvent, ces autos proposées par les entreprises à leurs cadres sont mal utilisées, à savoir qu’elles ne sont que rarement rechargées. Il faut dire qu’au début de cette technologie, non seulement les autonomies électriques se limitaient à quelques dizaines de kilomètres et que les stratégies de décharge proposées par les constructeurs étaient finalement assez basiques. Une fois venu à bout de la batterie de traction, la consommation du moteur thermique seul était alors supérieure à celui d’un équivalent classique. Mais quand on ne paye pas le carburant de sa poche, pourquoi s’ennuyer à prendre le temps de brancher sa voiture.
 
Et c’est précisément sur ces stratégies que le système e-hybrid proposé par Audi joue désormais un rôle décisif. D’abord, grâce à une batterie de taille respectable de 25,9 kWh. En usage classique sur les trajets quotidiens, l’Audi A6 e-hybrid peut parcourir jusqu’à une grosse centaine de kilomètres en mode 100 % électrique. Certes, on pourra ici arguer qu’une consommation électrique de 25 kWh/100 km, c’est beaucoup, et ça l’est. 
Il faut dire que le moteur électrique de 143 chevaux logé dans la boîte de vitesses a fort à faire pour mouvoir les 2,2 tonnes de la berline aux anneaux, mais ça reste néanmoins intéressant financièrement. Sur une charge domestique, cela correspond en effet à environ 5 euros d’électricité. Pour la même distance avec le seul moteur thermique, l’A6 consommerait autour de 7 litres de carburant, soit une douzaine d’euros à la pompe.
Mais dès lors que l’on choisit d’utiliser le système de navigation embarquée, tout change. En tenant compte de l’état de charge au départ, de vos éventuelles consignes de charge minimale à conserver dans la batterie et de la topographie du parcours, le logiciel va automatiquement définir la stratégie de décharge optimale de la batterie de traction.
C’est au cours d’un road-trip de près de 600 km parcouru parmi les oliviers en Andalousie que nous avons pu mettre à l’épreuve ce mode de fonctionnement. Pour y parvenir, une consigne : pas de plein de carburant avant l’arrivée.

Première étape : près de 200 km et 4 l/100 tout juste / A. Lenoir

700 km et 4 litres aux cent

Notre périple démarre par une boucle qui, au départ de Malaga, nous emmène d’abord aux environs d’Archidona, au nord, par une soixantaine de kilomètres d’autoroute qui nous éloigne de l’aéroport de Malaga. Une première liaison réalisée à 99 % sur le seul mode électrique de l’auto, le moteur thermique s’étant senti obligé de se faire entendre à l’abord d’une petite côte qui nous menait au premier point d’étape.
C’est après une nuit et une recharge de la batterie que nous entamerons notre traversée vers Séville où nous arriverons après 300 km de parcours. Le mode de conduite sélectionné, « balanced », prend en compte le parcours programmé dans la navigation GPS et va calculer comment optimiser la décharge de la batterie pour qu’à la fin de la journée, celle-ci soit proche de 0 % tout en faisant le moins possible appel au moteur thermique.

Pour commencer, cap à l’ouest pour rejoindre Arcos de la Frontera situé à 180 km de là. Au programme, principalement des routes secondaires, un peu de relief, mais surtout des plantations d’oliviers à perte de vue. L’Andalousie représente pas moins de 15 % de l’oliveraie mondiale et, surtout, 80 % de la production espagnole d’huile d’olive. Et côté taurin, les ganaderias les plus modestes ont laissé les élevages quasiment aux seules grandes maisons. Cette sensation de rouler dans une sorte de désert d’oliviers ne nous avait pas frappés il y a encore moins de 10 ans, lors de parcours similaires.
Toujours est-il qu’à notre première étape, l’ordinateur de bord est clair : nous avons consommé 54 % de capacité de batterie, soit 6,1 kWh/100 km et 4 litres d’essence, toujours aux cent kilomètres. Autant dire que nous n’avons qu’à peine vidé de 20 % le contenu du petit réservoir de 46 litres depuis notre mise en route la veille et 250 km plus tôt. L’ordinateur de bord nous certifie qu’ainsi, nous pouvons encore rouler près de 60 km sur la batterie et 370 km en essence. Le temps d’un déjeuner et nous voici prêt à repartir pour Séville.
Un peu plus de 120 kilomètres nous attendent pour atteindre le centre ville sévillan. Pendant que nous pestons contre les commandes tactiles du volant sensibles au moindre effleurement de la paume de la main, pour passer le temps, le copilote du jour explore les contenus proposés sur l’écran MMI qui lui fait face. Mais la première constatation est que les abords de l’écran, de même que le dessus de la planche de bord, sont très chauds lorsque celui-ci est en fonction. Le ciel un peu voilé ne laissant pas envisager que la faute en incombe au soleil, espérons que l’électronique ne souffre pas trop avec le temps de cette chaleur qu’elle peine à dissiper !

 
© Tibo Chevalier

Jeux et chansons

Au menu, donc, quelques apps pré-installées, comme un karaoke (mais sans le micro façon BYD !), des jeux ou encore des services de streaming audio (Tidal, Deezer, Amazon Music…). Après avoir tenté de pousser la chansonnette sur Ma belle andalouse (on vous évitera le replay), c’est sur les jeux que se porte notre attention. Après un jumelage très simple, on utilise notre iPhone comme manette. Ça fonctionne bien et sans trop de latence, mais la batterie du smartphone à la pomme se vide à vue d’œil ! C’est là où la charge rapide via l’USB-C est la bienvenue…

C’est en fin d’après midi que nous posons nos roues devant notre hôtel, dans le centre de Séville. Et, ça n’a l’air de rien, les quatre roues directrices (baptisée « direction intégrale ») de l’A6 nous aident bien à manœuvrer pour faire entrer au chausse-pied l’imposante berline dans l’ascenseur qui mène à l’exigu parking.

Voiture garée, nous relevons la consommation finale du jour : 4,2 l/100 et 5,8 kWh/100 pour 300 km parcourus. Il reste 13 % de charge dans l’accu et 300 kilomètres d’autonomie thermique. Mais le plus remarquable, ce n’est pas tant d’y être parvenu que de ne pas avoir forcé sur l’éco-conduite pour le faire. Certes, pas question de vérifier les chronos revendiqués pour le 0 à 100 km/h (à peine plus de 5 secondes), mais nous ne nous sommes pour autant pas privés de mettre la pédale de droite au fond lors de certains dépassements, histoire de vérifier que les 500 Nm de couple combiné promis étaient bien là où on les attendait.

Pour la dernière journée de notre périple qui nous ramènera à Malaga, nous repartirons avec une batterie pleine. Cette nouvelle journée au volant ne fera que confirmer nos consommations réalisées la veille. Elle nous permettra aussi de vérifier que, même sur les lacets andalous, les ADAS de la voiture sont parfaitement calibrées — comprendre pas inutilement intrusives —, même si on tâtonnera parfois pour désactiver telle ou telle fonction. 

 

Pour jouer, le passager peut utiliser son smartphone en guise de manette / A. Lenoir

Charge lente

Avec sa nouvelle gamme e-hybrid, la marque d’Ingoldstad confirme qu’une bonne gestion logicielle de l’hybridation rechargeable rend cette technologie on ne peut plus pertinente en matière de consommation. À condition de recharger sa batterie lorsqu’elle est vide, on obtient des chiffres de consommation de berline diesel sur une grande familiale essence de plus de deux tonnes. Sauf que c’est là qu’un point incompréhensible est soulevé : pourquoi ne pas avoir installé un chargeur 50 kW dans la voiture, comme on en trouve dans de nombreux PHEV du groupe Volkswagen ? En limitant la charge à 11 kW, il est impossible d’envisager de faire le plein d’électrons le temps d’une pause casse-croute, sauf à la prolonger par une sieste. Certes, les chargeurs 50 kW des autoroutes affichent souvent des tarifs prohibitifs. Mais en optimisant la décharge de la batterie, nous sommes persuadés qu’il reste possible de conserver un bilan positive dans l’opération. Sans compter que cela peut aussi permettre de d’évoluer en tout électrique dans la ville d’arrivée.
Ce « détail » mis à part, l’Audi A6 e-hybrid démontre que génération après génération, technologie après technologie, elle demeure l’une des meilleures routières familiales du marché.
Un volant presque parfait, s’il n’y avait pas ses commandes tactiles / Tibo Chevalier

Les clés de l’AUdi A6 e-hybrid 2025

Dimensions (Lxlxh)

5,00x2,10x1,45 m.

Masse à vide (modèle essayé)

2 225 kg

Énergie

Hybride Essence et Électricité

Moteur(s)

4 cyl. 2.0 L + électrique

Puissance maxi (cululée, modèle essayé)

367 ch / 270 kW

Couple maxi cumulé

500 Nm

Transmission

Intégrale

Boite de vitesse

Double embrayage 7 vitesses

Capacité Réservoir/Batterie

46 L / 25,9 kWh

Conso mixte (mesuré)

4,2 L /100 km

Prix d'accès à la gamme (au lancement)

79 000 €

Alexandre Lenoir

Plus de 30 ans de presse tech et auto n'ont pas entamé sa motivation. Alexandre teste passionnément tout ce qui roule et se connecte, tout en conservant un regard critique. Pour lui, la bonne techno est celle qui est avant tout utile !

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